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    Benoît, Clotilde et leurs enfants: Voyage en Famille l’habitant, Argentine, Juillet 2015

    “Une expérience humaine extraordinaire, que nous sommes heureux d’avoir pu vivre et faire vivre à nos enfants”

     

    Nous avions bien préparé ce voyage de 6 semaines, rêvé depuis des années. C’était le voyage “de retour” pour Clotilde, née à Buenos Aires 43 ans plus tôt. Toute son enfance à entendre parler d’Argentine. 3 ans d’apprentissage de l’espagnol, des années à mettre de l’argent de côté. Eté 2015, c’est le grand saut, nous partons à 4 avec nos 2 enfants de 7 et 10 ans, avec dans l’idée que cela va leur faire de sacrés souvenirs, et peut-être l’envie de voyager, de faire des rencontres…

    Pour notre voyage, nous avions prévu les grandes étapes, en nous documentant, en discutant autour de nous. Argentine, Chili, Equateur. Pas de souci majeur pour programmer nos envies dans ces 3 pays, y compris en Argentine, sinon…l’envie de ne pas passer à côté de rencontres dans les vallées andines au nord de Salta. On nous avait tellement parlé des vallées Calchaquies !

    Alors, en activant nos réseaux, nous avons contacté Chloé et Arthur. Ils nous ont fait de belles propositions ; suite à la défection d’amies sur place, qui voulaient aussi nous guider vers Salta, nous avons in extremis repris contact avec Tierra Latina. Chloé a été super réactive, à 3 jours de notre séjour à Salta, réorganisant le voyage. Pour nous, l’important était de pouvoir aller à la rencontre d’habitants de ces vallées ; ce sera dans la Quebrada de Humahuaca.

    Nous devions rejoindre Salta par avion depuis Iguazu…patatras, Aerolineas Argentinas annule le vol, alors que nous attendons à l’aéroport. 100 vols annulés dans le WE, a-t-on appris plus tard. Chloé a été vraiment formidable, elle nous a sauvé notre périple. Elle est arrivée à nous trouver un chauffeur, qui nous a conduits à Salta (1400 km de route) avec à peine quelques heures de décalage sur le programme. Inutile de dire combien notre arrivée à Salta a été riche en émotions !

    Salta nous a immédiatement séduits par son ambiance tranquille, ses beaux bâtiments, ses habitants gentils et serviables, sa cuisine savoureuse.

    Mais pour nous, le plus formidable aura été ces 2 jours passés dans la communauté de Raul. Nous l’avons rejoint dans le très beau village de Humahuaca, avec sa place délicieuse, son ambiance paisible, ses vendeurs de salades de fruits frais… En voiture, Raul nous a amenés, par une piste serpentant dans les montagnes, jusqu’à sa vallée. Impression de bout du monde, ou bien de… cœur du monde. Accueil chaleureux et simple, par sa tante, dans la cuisine de sa maison, pour un repas traditionnel savoureux. Dès les premières minutes nous étions adoptés, et en harmonie avec l’endroit. Nous avons retrouvé chez Raul et ses proches un accueil, une identité, une authenticité des rapports humains que Clotilde et moi avions rencontré chez les habitants des déserts que nous avions visité, plusieurs années auparavant (Jordanie, Mauritanie, Lybie). Nous avons énormément écouté Raul nous parler du mode de vie ancestral de sa communauté. Mais nous n’avons pas fait que l’écouter : nous avons (en espagnol, y compris pour moi qui ne l’avais jamais étudié !) partagé, échangé nos points de vue sur la société de consommation, le rapport à la propriété individuelle, les méfaits de l’appropriation des biens naturels par quelques sociétés transnationales voraces, le rapport à la Terre et aux traditions, et nous avons, par-delà les différences de nos conditions de vie respectives, touché du doigt ce que nous avions en commun.

    Une expérience humaine extraordinaire, que nous sommes heureux d’avoir pu vivre et faire vivre à nos enfants.

    Nous avons chevauché dans la vallée, visité le moulin de la communauté ; préparé le repas ensemble ; préparé la quinoa ; visité les lieux où les ancêtres ont inhumé leurs morts; beaucoup parlé de l’histoire précolombienne, et puis de la conquête par les conquistadors… Car Raul est journaliste, correspondant de sa communauté, et un peu son ange gardien et sa mémoire.

    Alors, bien sûr, nous ne viendrons pas habiter près de la vallée de Humahuaca, mais nous gardons dans notre cœur l’idée que, loin de nous, des hommes et des femmes continuent de vivre en harmonie avec leur environnement, se battent pour conserver leurs traditions, leurs valeurs, et que nous avons tant en commun… Combien de temps pourront-ils encore faire perdurer les coutumes et le mode de vie de leurs ancêtres ? Notre présence, l’intérêt que nous avons montré en venant les voir, sont pour eux importants et je conseille à tous ceux qui souhaitent vivre cette expérience d’aller rencontrer Raul et les siens, avec humilité, simplicité et émerveillement…

    Merci Chloé, merci Arthur !